28/06/2008

AVANT PROPOS

Cette pièce hélas sera pillée, trahie, tripatouillée, réécrite par son propre frère Paul, qui espérait ainsi obtenir qu'elle soit jouée. En vain. Ce n'est que 39 ans après la mort d'Alfred que par malheur Sarah Bernhardt s'empare de Lorenzaccio, le met en scène, découpe, réduit les scènes et les monologues, enlève toute allusion historique. Forte de sa notoriété elle interprète elle-même le rôle titre à l'âge de 52 ans, dans une débauche de décors et de costumes qui étouffent avec une perversité joyeuse les significations politiques du texte original. C'est un succès, ce n'est pas un triomphe. En 1912 Sarah reprend le spectacle, elle a 68 ans et une jambe de bois... Encore un autre malheur : on considère que ce rôle est romantique et qu'il doit être joué par une femme. Pendant 15 années la pièce repose inerte et oubliée sur les rayons de la Bibliothèque Nationale.
C'est Emile Fabre, administrateur de la Comédie Française qui la réveille en 1927, remanie le tout, réécrit ou rajoute des répliques de son cru, découpe les deux derniers actes comme on découpe un gigot et confie le rôle à une sociétaire de 42 ans. Cinquante deux représentations entre 1927 et 1935, c'est un échec.
En 1945, Gaston Baty présente sa version. Il écrit : "Quel plus beau rêve pourrions nous offrir que, hors du temps, notre Hamlet français ?". Robert Abirached, des années plus tard, constate : "Gaston Baty n'hésite guère : sous couvert de condenser le texte original, il le charcute avec brutalité."* C'est un succès pourtant : près de 200 représentations. La France n'est plus heureusement celle des ventripotents. La fin de la seconde guerre mondiale est venue éradiquer les morales de la troisième république. La pièce d'Alfred, après les viols qu'elle a subis pendant 90 ans est prête enfin à être ressuscitée et respectée : Jean Vilar l'inscrit à la programmation du Théâtre National Populaire, elle est créée en 1952 au festival d'Avignon et en 1953 à Paris.
"C'est la première fois que la pièce est représentée dans toute sa dimension, à défaut de l'être dans son intégralité.", écrit Robert Abirached.*
Et c'est la première fois que le rôle est confié à un homme, Gérard Philipe, l'ange Gabriel du cinéma et du théâtre de l'époque. Il est entouré et galvanisé par une vraie troupe, la pièce saccagée se relève de la boue et des rognures répugnantes du passé. Elle triomphe, elle devient le symbole du TNP.
Il y a 55 ans, cela ressemble à une date anniversaire, l'adaptation du TNP remporte un triomphe à Paris, après sa création l'été précédent au festival d'Avignon. En 2008 cette nouvelle adaptation jouée par une jeune troupe en OFF représente une sorte d'engagement, elle refuse d'être un exercice supplémentaire du consensuel politiquement doucereux auquel le théâtre semble se soumettre et se satisfaire ici ou là...
Alfred n'était pas une mauviette !
g
Antoine Bourseiller

* in Lorenzaccio dans la mise en scène de Guy Rétoré, analysée et commentée par R. Abirached. Editions de l'Avant-Scène, n°603.

27/06/2008

Ou ? Quand ? A quelle heure ? Combien ?

THEATRE DE L'OULLE
Place Crillon - AVIGNON
du 10 juillet au 2 août 2008
22h30
durée : 1h45
15 € - 11 € Carte off
Contact presse et diffusion : www.ov-productions.com
06 19 41 79 96

AFFICHE POUR AVIGNON 2008


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